Pierre mon ami, mon frère, compagnon du désert, compagnon pour toujours.
Un samedi de l’an 2013, il est parti. Le crabe l’a emporté alors qu’il a tant donné, et avait tant encore à donner. Depuis que l’animal l’avait attaqué, une bougie brillait dans mon bureau, elle brille maintenant dans mon coeur…
En 2009, j’avais hésité à partir une semaine en méharée dans le désert. Une semaine de marche, une semaine de coaching intense. Pour de sombres histoires d’argent, j’avais hésité. Finalement, encouragé par la famille et un ami, j’ai embarqué, mis mon frère Nicolas, unijambiste, dans mes bagages. Puis, j’ai renouvelé l’aventure chaque année, toujours accompagné (frères, fils fille, fils d’adoption, cousin, nièce, belle-soeur, amis).
Semaine de plongeon total dans la nature, de coeurs ouverts, de joies, d’émotions, de sables, d’amitiés, de chaleur, de vide, de complicités, d’échanges avec les Berbères, de paysages grandioses, de marche, de dromadaires, de soleil levant et de nuits de solitude sous la voute, de froid, de larmes, de chants, de liens, de temps suspendu, de surprises, d’instants initiatiques, d’eau et d’orange, de lâcher prise, d’entraide, … Comment hésiter ? Pourquoi hésiter à vivre l’intensité ? La vie passe, court, s’enfuit.
La magie organisée par Pierre, sa soeur/complice Anouchka, le tout discret et bienveillant accompagnement des Berbères, peuple du désert, comment ne pas prendre tout cela sans hésiter ? Pierre et Anouchka m’ont fait vivre dans les innombrables trésors des dunes : la tendresse, l’autorité, la joie, l’émotion, la paix intérieure, le pardon, la bienveillance, la puissance du groupe, la juste distance, les cadeaux, la lumière, la terre qui bascule, les yeux mouillés, la simplicité, les rires, la vie. Comment hésiter alors que tant de tourbillons alentours font que notre esprit virevolte à la recherche d’un Graal qui toujours s’éloigne ? Comment hésiter alors que Pierre envolé, sa flamme continue de briller au présent, la mission de transmettre remplie, débordante même ?
Dans le chemin, se présentent parfois ces occasions d’élever le sens de sa vie vers les cieux, un espace hors codes, hors normes, hors temps. Attraper ces occasions, les saisir sans hésiter, choisir de se rapprocher de nous-même et des autres pour mieux transmettre la flamme avant de s’envoler. Quelle que soit notre situation de vie et d’entreprise, développer son acuité à l’autre pour agir au plus juste.
Bye bye petit frère, je continue de te conjuguer au présent…
Depuis 2015 à mon tour, j’ai repris le flambeau de la marche dans le désert, d’un parcours initiatique à découvrir…
Merci Lolo. Ton regard est sans aucun doute juste, ajusté en tout cas à ce que je ressens aussi. Non seulement à cause de Pierre, mais encore par l’univers qu’il entraîne avec lui.
Le désert est un lieu où il n’y a ni verticales, ni horizontales, ni perpendiculaires. Aucun mur, aucune voie ne barre la marche, sinon parfois une paroi qu’on peut contourner ou escalader. Tout y est en nuances et subtilités, en courbes et en assises. Et la vie y est présente.
Il n’est pas faux de penser que Pierre a été un maître (au sens de la sagesse) du désert qui met en relief le vivant. Je pense à ce jour où je découvrais que mon existence était faite à moitié de métal (physiquement, affectivement et mentalement)… Il a alors pris ma béquille et s’en est servi pour que chacun écrive sur le sable ce qu’il avait vécu de plus dense et de plus vrai : amour, amitié, joie. Avec un cylindre d’aluminium, les galères de chacun ont été changées en vaisseaux en plein vent. Puis le vent a effacé et emporté ces mots aux mille coins du monde. J’avais un sentiment de plénitude et de vérité que j’ai très rarement connu ailleurs.
Ce n’est qu’une anecdote, mais il y en a tellement d’autres !
Je te laisse à tes émotions. J’ajoute un renvoi à ton article sur mon libre blog.
Bonjour Laurent, bonjour Nicolas
Souvenir ému et toujours vif du désert que nous avons partagé avec l’ami Pierre et qui m’a permis de vous connaitre.
Souvenir très fort et inoubliable d’un autre désert avec Pierre et mon fils Olivier sur le thème « pères – fils « . Pierre le sage mais aussi le chaleureux sur les pas duquel je suis reparti 15 jours au désert cet hiver avec Maurice de Clermont qui a fait découvrir ces endroits merveilleux à Pierre.
Bon souvenir de nos partages et de ce geste Nicolas (de rage, de délivrance…?) lorsque tu rejettes tes béquilles dans la montée de la dune et que tu arrives libre en haut pour partager le coucher de soleil avec nous.
Pierre tu es parti trop tôt mais tu es présent dans nos cœurs et un peu aussi dans ce que nous sommes aujourd’hui.
Merci Pierre-Jean de ce témoignage…
Laurent