Les croyances… il est rare que nous nous interrogions sur ce à quoi nous donnons crédit. Pourtant, il est légitime de se demander : au fait, pourquoi je crois à ça ?
L’analyse objective peut nous conduire à l’une des ces trois réponses (et ce n’est probablement pas exhaustif) :
1️⃣ parce que ma famille, mon milieu social m’a toujours dit que…
2️⃣ parce que le consensus prétend que…
3️⃣ parce que j’en ai la preuve dans mon expérience personnelle…
L’invitation est de mettre le doute au service de la recherche de la vérité, au service de l’évaluation de mes croyances, car il s’agit de mes croyances et non pas les croyances universelles.
Un exemple de 3️⃣ : je fais l’expérience de la gravité (comme Isaac dans la photo ci-dessus). La cuillère qui s’échappe de mes mains tombent vers le sol, attirée (je le sais grâce aux démonstrations scientifiques) par le centre de la terre. J’ai une preuve concrète de la force de la gravité. Mon expérience ne suffit pourtant pas à comprendre ce qui se cache derrière. Il faut aller plus loin.
Je dois faire attention à mon expérience. Elle peut me tromper : je crois que dépasser le camion est sans risque car je ne vois personne dans mon rétroviseur. En déboitant, j’aperçois la moto qui était dans l’angle mort de mon miroir… Les croyances peuvent me faire prendre des risques, car il y a toujours des angles morts.
Mon expérience personnelle est sujette à caution, les croyances que j’en ai déduites sont-elles universelles ?
Pour ce qui est du 2️⃣, de quel consensus parle-t-on ? De celui du café du commerce, de l’utracrépidarianisme en cours, de l’invasion des intox sur les réseaux sociaux ou bien d’un travail approfondi, documenté, statistique, démontré dans le réel par de vrais professionnels consciencieux, précis, méthodiques et ouverts ?
Actuellement, il est de bon ton de remettre en cause le « consensus scientifique », en particulier par ceux qui n’ont pas compris ce que cela signifie en matière de rigueur de travail. Les croyances ne devraient-elles pas passer par le tamis de la démonstration, de la reproduction systématique ou statistique ? Après tout le « crois-moi sur parole » est une véritable ouverture à la manipulation, non ?
Quant au 1️⃣, il est curieux de constater à quel point l’ancrage est profond. « Mets des chaussures, tu vas attraper la mort » ou au contraire « Marche pieds nus, sinon tu ne seras pas en contact avec la terre, ce qui est bon pour toi » dira-t-on à l’enfant qui se promène dans le jardin. Qui a raison et pourquoi donner son crédit à l’une ou l’autre de ces visions de la vie ? Quelles sont les peurs ou les croyances camouflées derrière ces injonctions ?
Notre milieu social est un berceau pour forger les croyances transmises dans l’enfance. Elles deviennent les plus difficiles à remettre en cause, même à l’âge avancé.
Il me parait sage de faire sa propre enquête, d’aller à la recherche du « pourquoi » je pense ça, pourquoi je donne caution à ce qui est parfois présenté comme « la vérité » ? » Comment éviter de juste être l’écho d’une « pensée unique » ?
Je disais un jour à un collègue : « c’est difficile de créer une entreprise en France ». Il m’a demandé : « pourquoi dis-tu ça ? ». En effet, j’avais donné mission à un expert comptable de créer ma première SARL, et j’avais simplement signé un ou deux papiers. En définitive, le processus m’avait paru hyper facile mais je continuais de faire le perroquet, en dépit de mon expérience personnelle. Sans remettre en cause le blabla que tout le monde répète, je continuais de nourrir des opinions infondées.
Je vous propose un exercice :
1 – Posez-vous la question : à quoi je crois ?
Faites un tableau à 2 colonnes. Dans la première, listez vos croyances et élargissez la question à toutes les croyances personnelles, professionnelles, spirituelles auxquelles vous donnez crédit.
Faites la liste.
2 – Dans une deuxième colonne, répondez à la question : pourquoi je crois à ça ?
Allez chercher l’origine. Pourquoi croyez-vous cela ? Qui vous en a convaincu ? Quelles sont vos preuves ? Avez-vous fait votre propre investigation du sujet, de manière précise comme un enquêteur ?
3 – Faites le bilan de ce qui se range plutôt dans la catégorie des « croyances choisies », celle des « croyances non remises en question », des « croyances démontrées ».
Bon travail d’investigation… il s’agit principalement de reconnaitre que nous avons tous des croyances choisies, ou non remises en question, ou démontrées, et que chaque humain se promène avec un assemblage différent… cela devrait théoriquement pousser à l’empathie, à la relativité et à la modestie.
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