Dans son livre « l’emballement du monde » (que je n’ai pas encore fini donc j’anticipe des conclusions, mais là où j’en suis me donne de l’espoir, alors je partage), Victor Court évoque les dislocations d’empires.
Ce que j’en comprends : la pensée largement partagée est que la disparition des empires précède des périodes sombres. On parle du « Moyen Age » par exemple, comme d’une longue période terrible qui suit la fin de l’empire romain.
Or d’une part cette vision de l’histoire ne semble pas si juste que ça (je l’avais déjà lu ailleurs), et d’autre part cette dislocation est surtout dommageable aux élites : le pouvoir politique perd de sa force car la centralisation est en déliquescence et donc baisse de la rentrée des taxes qui permettent de nourrir un géant administratif, pendant que les puissants économiques sont lésés car les grandes structures se défont et ne permettent plus à certains de s’enrichir de manière démesurée au détriment de la masse populaire.
Cette grande dislocation ne serait pas forcément si mal vécue par le peuple, qui paierait moins de taxes (contre moins de services – le correcteur d’orthographe corrige « sévices »), et retrouverait davantage d’initiative locale.
Cela ne signifie sans doute pas que la vie est plus facile pour le peuple, mais qu’une forme de pression baisse et qu’un nouveau monde se réinvente. Les « Barbares », ainsi nommés pour désigner ceux qui sont hors de l’empire et par conséquent incultes, idiots, sanguinaires, auraient peut-être du bonheur de vivre en dehors du machin… qui sait ?
Ce qui parait intéressant dans cette analogie à rapprocher du défi actuel pour l’humanité, c’est que cette analyse (que j’ai extrapolée, n’ayant pas fini le livre) laisse un fol espoir : certes, nous allons devoir changer nos modes de vie, passer à la sobriété énergétique, repenser notre vivre-ensemble, certes, les systèmes vont être ébranlés fortement sur leur base, mais cela ne signifie pas mécaniquement que nous allons mal vivre.
Au demeurant, passer des heures dans des bouchons, manger des hamburgers qui sont l’extrémité d’un système qui maltraite les animaux , être stressé du cours de la bourse qui fait valser le niveau des placements , répondre aux injonctions stupides d’un boss médiocre , ou se vautrer tout le weekend devant des séries abrutissantes n’est pas forcément la plus charmante des définitions du bien-vivre.
Alors quoi, avançons vers la dislocation en chantant (je vais vous en interpréter quelques-unes pour prolonger “monsieur le président” écrite à l’attention de la Banque Royale du Canada, banque que je quitte pour des raisons de premier investisseur mondial en 2022 dans l’industrie fossile), et réinventons le monde…
0 commentaires