Pourquoi suis-je convaincu que les coaches sont des Jedis ?
Je suis intervenu pour AceUp, une startup américaine dont la mission est de démocratiser le coaching. J’ai coordonné l’organisation du premier « Summit » à Boston, le rassemblement de quelques dizaines de coaches : de l’intelligence collective avec une grande variété d’activités et la participation de tous… Dans l’avion du retour vers Montréal a surgi l’idée que les coaches sont des Jedis. Voici pourquoi…
En fin de journée, lors du dernier tour de parole, j’évoque ce qui m’est cher (dans mon frenglish le plus approximatif) :
« Le dark side of the universe se mobilise pour détruire l’humanité. Nous sommes confrontés aux plus grands défis de l’histoire de Sapiens : climat, biodiversité, pauvreté, condition des femmes dans de nombreux pays, appauvrissement des ressources, maltraitance des animaux. Nous, les coaches, somment très influents auprès des leaders. Nous devons allier nos forces. »
Ma voisine reprend au vol : « sommes-nous le grand Conseil des Jedis ? » Un rire éclate dans l’assemblée, dont une bonne partie sort de la prestigieuse Harvard.
Et bien oui ! Les coaches sont des Jedis de notre temps. Pourquoi ?
Depuis la fin des années 90, je fréquente de nombreux coaches. Ils partagent les traits des plus grands Jedis…
Conscients de leur fragilité, ils sont !
Dans ce « summit américain », au pays où l’on enseigne encore beaucoup aux garçons qu’ils ne doivent pas pleurer, plusieurs coaches me confient leurs traumatismes de vie, alors qu’on se connaît depuis 5 minutes. L’humain n’est-il pas fragile par nature ? Si les grands prédateurs oublient qu’ils vont bientôt mourir (comme tout le monde), les coaches savent que la fragilité rapproche les humains. En la partageant, en respectant celle des autres, devient-il possible de mieux s’entraider ? Entrer dans le modèle de la domination, certes extrêmement efficace, permet d’obtenir des résultats extraordinaires, mais à quel prix ? Comment développer la pensée et l’intelligence collective si la fragilité n’est pas reconnue et accueillie ?
Les coaches sont des Jedis car ils se confrontent courageusement à leur fragilité, qu’ils ne rejettent pas sur l’autre. Ils la transforment en force.
Très créatifs, ils sont !
Longtemps j’ai pensé que la créativité était l’apanage des artistes. J’avais relié le mot création au mot art, avant de découvrir toute l’étendue des possibles. Comme un Jedi, le coach invente subtilement des outils, des méthodes, des postures contrintuitives. Il ne s’agit pas de réciter une méthode, il s’agit d’en inventer, de s’inspirer de l’histoire. Surprendre en décalant.
Quand le leader réussit spectaculairement, par le travail et l’intelligence, parfois il se coupe de ses émotions. Il devient l’extraodinaire machine analytique qui décide à partir de tableaux rationalisés et enrichis des dernières percées de l’intelligence artificielle. Le coach/Jedi invente intuitivement les tactiques qui ouvrent les brèches. Pendant le sommet AceUp, chaque coach a apporté les témoignages d’expériences qui ont ouvert les voies de la transformation.
Des émergences créatives.
Des risques, ils prennent !
Nombreux sont les coaches qui auraient pu continuer de jouer dans la cour politique des entreprises, avec les avantages en nature, bonus et autres gros salaires. Ils ont la compréhension, les outils intellectuels, le profil requis pour la carrière. Pourtant, ils prennent le risque d’un entrepreneuriat qui, à part quelques exceptions, ne se transforme pas en fortune financière. La réduction très significative des revenus est un grand point commun du parcours des coaches/Jedis passés du salariat à l’indépendance professionnelle. Ces risques pris se raccrochent à une farouche détermination de participer à la mutation nécessaire des paradigmes en place.
Yoda le grand maître, humble et puissant, vit dans un maraicage poisseux et détient la force. Ce ne sont ni les honneurs ni les richesses qui fondent son pouvoir. Ne serait-ce pas plutôt sa liberté ?
Presqu’indestructible il est, sans les armées qui protègent l’empereur.
De justes questions, ils posent !
Les coaches voient, entendent et ressentent intensément ce qui se passe. Ils ont développé une acuité intellectuelle qui leur permet de comprendre les enjeux. Ils sont attentifs à leurs signaux intérieurs et ceux du corps. Ils savent élaborer ces questions qui paraissent sortir d’ailleurs. Souvent, le « coaché » ressent à quel point, surtout quand elle dérange, cette question est juste.
Comme le Jedi, le coach détient ce talent travaillé de la question, celle qui suggère l’ouverture déroutante. Les philosophes le proclament : le pouvoir n’est-il pas dans l’interrogation ? Dans l’arène du business et de l’entreprise, la question vient bousculer l’ordre établi.
Agir singulièrement dans la multitude, ils osent !
Peu importe la pensée unique dominante. Peu importe le nombre des adhérents. Le Jedi se lève pour affirmer, pour défier. Convaincu que la parole peut vaincre les armes, il manie le sabre laser du verbe pour prendre à contrepied les certitudes admises. En écrivant ces lignes me vient l’analogie du sabre laser de la guerre des étoiles, si dérisoire outil de combat face aux arsenaux intergalactiques de l’Empire. Là pourtant, est la force : la parole, le Verbe dans la Bible, qui en devenant singularité, permet la transformation.
Dans toutes les histoires de coaches, des moments et anecdotes relatent ces instants suspendus où la parole inspirée et courageuse, ressemble au tourbillon du sabre laser de Yoda.
Au sommet d’AceUp, ma voisine du dernier cercle nous a qualifié de « Conseil des Jedis ». Analogie inspirante… Bien entendu, la guerre des étoiles réduit de manière presque simpliste la lutte éternelle du bien et du mal. Cependant, comme évoqué plus haut, j’ai l’intime conviction que chaque leader doit répondre à des questions de plus en plus difficiles. Le coach/Jedi est là pour l’aider à dépasser ces peurs qui l’empêche de se connecter à lui-même, à la source de sa vraie force, et prendre les décisions sages, audacieuses, durables.
(relire comment prendre une décision difficile ?)
L’humanité a-t-elle envie d’aller chercher Yoda dans les marécages poisseux ? Le dilemme est là : continuer à fond sur un chemin tracé dont les perspectives inquiètent, ou puiser dans les fragilités partagées, la créativité, les questions essentielles, les risques, la pensée et l’action singulières pour protéger notre futur…
Jedi-coaches nous sommes.
Déterminés face aux défis sans équivalent de l’histoire, nous demeurons !
NB : il est amusant de signaler que la veille du « Summit » à Boston, j’ai participé à Montréal à une journée animée par Nathalie, coach québécoise qui vit à Paris, et qui s’est ainsi présentée : « Yoda je suis ». Synchronicité troublante : est-ce le réveil simultané des Jedis…
Pensez-vous que les coaches sont des Jedis ? Voulez-vous rejoindre l’Alliance Rebelle ?
Version anglaise en page 2…
Merci Laurent pour cette façon élégante de manier l’écriture.
Bonne continuation !
Grand merci, cela fait toujours plaisir à lire 🙂
Merci Laurent pour ce Superbe article! Effectivement dans notre environnement VUCA (volatile, incertain, complexe et ambigü), nous prenons le recul nécessaire pour y voir clair, analyser rapidement et aider à la prise de décision, dans des changements constants. Eviter le chaos et maintenir un équilibre dans le mouvement, dans les actions. Oeuvrer pour le bien-être des employés, des gestionnaires, des responsables d’entreprises, s’assurer de la responsabilité sociale des entreprises et de leurs impacts sociétaux par nos interventions… je suis certaine que nous faisons chacun la différence à notre échelle !
Merci de ton commentaire… Et nous devons nous engager plus loin que le « business as usual » qui continue de dominer la pensée unique. Les Jedis ont une grande mission !