A quoi sert le coaching ? La déontologie autorise-t-elle les conseils ? L‘écoute, l’effet miroir, la réplique du coach, comment cela peut-il servir ?
Lors d’une de mes déambulations à pied (c’est là qu’émergent souvent mes idées), 3 excellents conseils de 3 coachs différents me sont revenus en mémoire. Des années après, ces inspirations sont encore bien vivantes en moi.
J’ai conservé les formules de mes coachs telles qu’elles se sont inscrites et programmées dans les circonvolutions de mes synapses. Leur feedback a eu un impact majeur sur ma vie, mes décisions, mes frustrations. Cela démontre que le coaching est puissant dans la durée, s’il est pratiqué avec incarnation, justesse, précaution, méthode, attention.
Incarnation…
car les conseils de coach atteignent leur but si le praticien parle à la lumière de son expérience, pas seulement du haut du perchoir du « sachant » qui enseignerait une soi-disant science qui n’en est pas une. Le coaching incarné consiste, en étant attentif au risque de projection, à puiser des leçons concrètes du vécu terrain.
Justesse…
car les conseils de coach demandent une adéquation à la situation et la maturité du « client ». Je ne sais pas combien de couches de compréhension il existe, mais tout le monde n’observe pas la même chose et n’arrive pas aux mêmes conclusions en analysant une situation. Qu’est-ce qui est juste pour mon client, maintenant, avec sa grille de lecture ?
Précaution…
car les conseils de coach sont reçus comme un enseignement essentiel, et qu’il peut être dangereux d’orienter un vieux monsieur vers le saut en longueur, ou une débutante à la nage de traverser la Manche en solitaire. Comme vous le verrez ci-dessous, les paroles de coach peuvent accompagner toute la vie. Si je pratique le métier avec l’approche d’un allié impitoyable car je pense que le client doit sentir que le coach n’achète pas les carabistouilles, il convient d’employer des formules bienveillantes.
Méthode…
car les conseils de coach les plus pointus, voire radicaux arrivent après quelques étapes, quelques marches de mise en confiance, d’observation réciproque, de preuves de pertinence. La méthode et les exercices apportent au client un chemin de progrès. Elle va d’autant plus en profondeur que, comme le Petit Prince et le Renard, l’apprivoisement s’est nourri de la complicité d’une relation qui s’étoffe.
Attention…
car les conseils de coach servent à maintenir en éveil, stimuler la prise ainsi que la prévention des risques. Le leader, par nature de fonction, doit prendre des risques, oser arbitrer sans détenir toutes les données qui permettent une décision « parfaite ». Le coach, s’il aide à la réflexion d’analyse de risques, sert aussi de point d’appui pour passer à l’action, ce qui est bien l’objet ultime.
Pour illustrer le propos, je souhaite partager 3 excellents conseils de coach que j’ai reçus en cadeau. Les 3 coachs dont je parle étaient incarnés, justes, plein de précautions, méthodiques et d’une authentique attention…
Conseil numéro 1 : tu vas t’emmerder
A peine sorti du salariat, à 42 ans, une belle entreprise me propose de prendre un poste pour diriger 400 personnes. Honnêtement, j’étais flatté de sentir que, dans un milieu totalement différent de la high tech d’où j’arrivais, un patron pouvait me proposer une entrée avec ce niveau-là de responsabilité.
Après le rendez-vous, j’appelle Christian. Assez rapidement après que je lui explique le job, il me dit : « tu vas t’emmerder ». Il argumente un peu, touche juste tout de suite. Nous nous connaissons alors depuis plus de 10 ans.
Au delà du « statut social » et de la belle fiche de paie, ce que mon imaginaire déduit de la formule « tu vas t’emmerder » ressemble fort à une cage supposée dorée. En quelques minutes, je décide de ne pas donner suite et de me consacrer à mon projet de consultant libre.
Conseil numéro 2 : laisse tomber ce qui t’emmerde mais ne laisse pas tomber ton rêve
Hum, il semble que mes coachs aiment bien décliner le verbe « emmerder », à moins que ce soit moi qui aie envie de l’entendre.
Sur un banc devant la plage des Catalans à Marseille, je raconte à Pierre mes malheurs du moment. Il m’écoute vider mon sac. Une bonne partie de mes projets n’est pas alignée avec mes intentions profondes, mon « why » comme dit Simon Sinek. Mais, j’ai des responsabilités, une famille, des besoins minimum de rentrée d’argent. Ca vous parle ?
Quand j’ai fini mes lamentations, Pierre m’assène cette phrase qui me met au défi de moi-même : « laisse tomber ce qui t’emmerde, mais ne laisse pas tomber ton rêve ».
Puissante l’expression : quelques mots d’encouragement et de confrontation essentielle.
Ce deuxième conseil va donner toute sa place au troisième.
Conseil numéro 3 : tu es légitime
Cette fois-ci, je me contorsionne avec Anouchka (au demeurant la soeur de Pierre) : « j’adorerais guider une marche dans le désert mais… » s’en suit la liste de mes peurs, mes croyances limitantes, mes objections à 2 balles.
Anouchka les épluche en assénant de mille manières :
« bien sur, vas-y, lance-toi, tu es légitime ».
De cet échange, j’ai puisé énergie, audace, libération pour oser ma première méharée-coaching, et depuis toutes les autres.
A bien y regarder, ces conseils de coach, délivrés par 3 humains différents par leur parcours, appuient sur le même bouton : fais-toi confiance bonhomme, écoute ta petite voix, choisis le chemin qui te convient plutôt que celui des injonctions et biais accumulés.
Christian et Pierre ont rejoint les étoiles. Anouchka continue de diffuser sa lumière.
Ah oui, selon les défenseurs bibliques des bonnes pratiques de coaching, un coach ne donne pas de conseil. Pan sur les doigts ! Ce postulat définitif me fait doucement rigoler, ou pleurer, ça dépend.
Un coach doit-il appliquer un processus et dérouler des outils sagement appris dans une bonne école, ou travailler avec son coeur, son expérience, son intuition, et de temps en temps un outil ? Pour moi, la messe est dite : j’ai toujours choisi des coachs à impact, des coachs qui disent, s’engagent et témoignent, des coachs qui n’ont pas peur d’être singuliers, des coachs uniques !
La déontologie du coaching, est-ce d’appliquer des procédures comme un ISO 9000, ou est-ce de servir avec professionnalisme et conviction ce qui peut transformer la vie du client ? D’ailleurs, le coaching est-ce une science ?
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