La vie est-elle un labyrinthe ? L’autre jour, je regarde le film « le Labyrinthe » avec mon fiston…
Ce film est bourré de symboles sur les défis de l’adolescence :
- l’ascenseur qui envoie avec virulence ces jeunes garçons, en perte de conscience, vers le haut…
- cet univers étrange barré de tout coté par des falaises infranchissables…
- ce labyrinthe qui s’ouvre et se referme chaque jour pour des expériences dangereuses…
- la figure du père dans cet ainé qui impose une autorité (parfois juste, parfois exagérée) à la communauté…
- ce même « père symbolique » qui se retrouve pourfendu en fin d’histoire, pendant que le plus « jeune » tout fragile, s’éteint également (comme l’enfance qu’il faut quitter)…
- le monstre à combattre qui, dans l’imaginaire, ressemble à s’y méprendre à la mère dont le tissage empêcherait…
- ce même ascenseur qui enverra plus tard une fille, prise pour morte après le jaillissement, laissant tous les ados pantois devant l’apparition féminine…
- les juvéniles bagarres avec la jeune fille pour rappeler que les rapports entre ados commencent souvent comme ça, par pudeur, timidité…
Bref, sous des couleurs d’aventure fantastique et ésotérique, ce film, comme tant d’autres, développe les thèmes qui permettront aux jeunes adultes de s’engager sur le chemin de l’envol.
En parlant avec mon fiston le lendemain sur le chemin de l’école, il me dit qu’il a intitulé son exposé du film à sa classe : « votre vie sera un labyrinthe si vous ne voyez pas le labyrinthe »…
J’ai trouvé le propos très inspirant. Le labyrinthe, évoqué dans la célèbre fable « qui m’a piqué mon fromage« , est une allégorie classique pour parler de notre vie, les épreuves, les fausses-routes, les virages, les angles morts, les longues certitudes, les éternels recommencements, et puis la lumière au bout du tunnel.
En formulant « votre vie sera un labyrinthe si vous ne voyez pas le labyrinthe », il m’est venu quelques réflexions…
Nous avons tous des choses à résoudre
Je repense à cette femme de pouvoir qui m’a éconduit avec grande froideur. « Nous n’avons pas besoin, blablabla… » Peut-être n’était-ce pas le bon moment, il eut été courtois de prendre quelques gants pour me le signifier. J’ai la conviction que nous avons tous des choses à résoudre, n’en déplaise à ceux qui, très surs d’eux, affirment qu’il n’ont besoin de personne en Harley Davidson (pour les plus musicaux) ou qu’ils vont se débrouiller pour dominer les autres à leur profit.
Le labyrinthe de la vie conduit, ou pas, vers la résolution. Pour cela, la relation à l’autre, qu’elle soit amoureuse, amicale, professionnelle, thérapeutique, est nécessaire. Le film évoque très bien que la résolution passe par :
- du courage
- de l’entraide et aussi…
- de la subversion
Mais si je ne vois pas le labyrinthe, comme faire pour savoir que j’ai des choses à résoudre…
C’est la faute des autres
Comme écrit dans la Bible « au lieu de regarder la paille dans l’oeil de ton prochain, regarde la poutre dans le tien ». Le labyrinthe personnel, si je ne m’en occupe pas, il me devient facile de jeter l’opprobre sur les autres. Un client me parlait un jour des « parasites » qui déambulent dans les ateliers et conférences gratuites organisées par les organismes type chambre de commerce ou autre, parasites qui mangent les petits fours censés apporter le business après lequel nous courrons… Il pestait sur les autres avant de se rendre compte qu’en fait, il n’était juste pas au bon endroit.
Les autres seraient fautifs de créer nos labyrinthes… Bien sur : certains nous déversent leurs problèmes, leur bile, leur méchanceté parfois. Pouvons-nous nous en éloigner ? Sommes-nous obligés ? Devons-nous nous accrocher aux mille et unes excuses que nous nous inventons pour maintenir ces relations toxiques. Si nous prenons de la hauteur (voir paragraphe suivant), ne pouvons-nous pas décider que l’enfermement dans notre labyrinthe, attribué aux autres, n’est en fait qu’acceptation d’un asservissement.
Nous pouvons être libre !
Élever le niveau de conscience
La vie automatique. La routine. Les injonctions de ma famille, de mon milieu social, de mon pays, de mes amis, de mes collègues. Le sentiment que « c’est toujours la même chose », « l’histoire se répète », « seuls les utopistes prétendent qu’un autre possible est accessible ». Les croyances que ce sont les méchants qui gagnent, que l’argent n’est jamais suffisant, que l’horizon est bouché par des montagnes d’obligations et de contraintes.
Prends un hélicoptère l’ami, ou monte sur la colline… Elève toi de 300 mètres et regarde ton labyrinthe. Tu le vois maintenant ? Vois-tu les possibilités d’en sortir ? As-tu envie d’en sortir ? Sans l’élévation de la conscience, impossible de sortir du labyrinthe puisqu’il semble ne pas exister. Pourtant, à bien y regarder, il semble que certains humains, célèbres ou non, trouvent leur chemin. Qu’ont-ils de si différents ces bipèdes là ?
Oser sortir de la zone de confort
Si le labyrinthe n’est pas en conscience, que dire des tentatives ? Nos schémas neuronaux nous poussent à reprendre les mêmes pistes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Si je n’ai pas cette conscience, comment imaginer de prendre un autre chemin, pour voir, peut-être pour me libérer…
OSER…
SORTIR…
CONFORT…
3 mots tant de fois répétés et scandés.
Comment oser ? Pourquoi oser ? Qui suis-je pour oser ?
Sortir : bien sur que l’aventure est dehors. C’est cool de regarder un film à la télé. Mais dans la réalité, le concret de la rue, de la rencontre avec la nature, avec le vent, la pluie, le froid, le chaud, c’est là aussi que j’apprends. Sortir, au delà de la signification symbolique… sortir dehors, dehors, dehors.
Confort : au bout de combien de temps l’ennui me gagne-t-il dans mon confort ? Pourquoi ce sentiment de perte de sens, d’envie, de tonus quand je m’affale ? La vie serait-elle dans un savant dosage de prise de risques, sans cesse renouvelé ?
Dans le film « le Labyrinthe », un confort relatif a été savamment reconstitué par la petite communauté. Un confort pour survivre, seuls certains ayant l’autorisation d’aller se confronter au danger. Ainsi, symboliquement, se crée l’idée que sortir du labyrinthe reste accessible pour certains, les autres suivront… peut-être.
Vivre libre
Tout l’enjeu n’est-il pas là ? Si je vois mon labyrinthe, si je m’élève, si j’ose, le graal est-il la liberté ? C’est bien possible. Ne nous leurrons pas : la liberté n’est pas le fameux hamac au bord d’un lagon tout bleu, la douce brise, la boisson sucrée et quelques beautés qui tournent autour pour nous charmer de leurs atours.
La liberté de l’esprit, de dire oui ou de dire non (gentiment). La liberté d’aller à droite ou à gauche. La liberté de vivre avec des contraintes que l’on choisit. Il n’est pas question ici de parler de liberté sans contraintes. Je n’y crois pas. Si je vois le labyrinthe, comme me disait mon fiston, il existe d’autres manières de s’en affranchir : l’hélicoptère, les échelles, la masse pour casser les murs, l’intelligence de chercher les indices écrits sur les murs et qui mènent vers la sortie, les expériences des autres et les siennes, et puis encore…
Votre vie sera un labyrinthe si vous ne voyez pas le labyrinthe
Un article pour le plaisir, écrit en pleine semaine, les pieds nus sur la terrasse, avec un bon vent vivifiant et un soleil voilé, alors que j’ai mille autres choses importantes (plus importantes ? qui sait) à faire, article que je dédie à Savinien, bientôt sur le chemin du retour de l’école
Ah les excuses ! pester, ronchonner après les autres, le monde, les aléas, les murs qui se dressent sur le chemin de nos aspirations… quelle perte d’énergie et de temps ! Alors que prendre le temps de se poser, d’accueillir notre agacement, notre frustration, notre tristesse… pour pouvoir les dépasser et élever le niveau de conscience sur ce à quoi j’aspire, ce que je veux, ce qui me fait vibrer… se donner l’opportunité de se reconnecter à son besoin et d’orienter son focus sur les solutions, va me donner l’énergie pour (re)passer à l’action vers mon but et trouver les ressources, les appuis, les courtes échelles qui vont contribuer à se rapprocher de notre graal ! L’intelligence émotionnelle est le catalyseur, et l’humilité (et le plaisir retrouvé du faire ensemble) pour solliciter les forces autour de moi dans la coopération et pas dans la compétition, pour apprendre à faire mieux et se dépasser est tellement plus écologique, productif et nous fait grandir tellement plus !
Très beau commentaire, merci Valérie…