Oser changer de secteur d’activité, est-ce possible ? Un manager doit-il passer toutes sa vie professionnelle dans le même environnement ?
J’ai reçu un jour le message suivant d’un lecteur :
“Cher Monsieur,
Nous avons eu, hier, avec quelques amis, une discussion vive sur ce qu’est le management.
L’origine du désaccord réside dans le fait que certains pensaient qu’un manager ne peut pas changer de secteur d’activité !
Un manager performant dans le domaine de la mode, ne peut pas endosser les mêmes responsabilités dans le domaine médical ou industriel car il ne connait pas son environnement. Un recruteur ne perdrait pas de temps à chercher un bon profil, il privilégierait plutôt le candidat qui connait le mieux le marché : clients, produits, ….
Je maintenais le contraire, un manager peut très bien réussir dans un autre domaine et changer de secteur d’activité pourvu qu’il ait acquis les compétences managériales dans son cursus.
C’est même pour moi une preuve d’adaptabilité.
Qu’en pensez-vous ?“…
Le débat est ouvert… Un manager peut-il changer de secteur d’activité ?
Mon avis est que le management est un métier en soi. Il s’apprend, il se vit, il s’améliore avec l’expérience. Un métier où l’écoute et l’empathie demeurent les qualités premières. La compréhension intellectuelle des enjeux est certes essentielle, mais j’ai la conviction qu’un manager centré sur le développement des capacités créatrices et la motivation de ses collaborateurs, peut transiter d’un monde à un autre. |
Pour changer de secteur d’activité, il y a un vocabulaire technique à s’approprier. Pendant une période d’apprentissage, un bon manager fait le travail de son apprentissage. Ensuite, sa sagacité le porte à détecter les composantes humaines susceptibles de rendre performante son équipe. Et là, point de technique.
A titre personnel, je me souviens avoir été managé par un incompétent notoire de mon domaine. Ce fut mon meilleur allié professionnel :
- confiant… pour me donner les responsabilités d’un projet à fort enjeu,
- attentif… à m’ouvrir les portes qui m’étaient nécessaires pour en surmonter les défis,
- présent… quand il le fallait dans les combats ou réunions politiques,
- astucieux… pour me proposer des pistes de réflexion tactique ou stratégique,
- habile… pour me ramener dans le chemin quand je m’engageais sur des pentes abruptes,
- compréhensif… quand la marmite bouillonnait trop fort,
- reconnaissant… quand le projet arriva à son terme avec succès.
La compétence technique est-elle donc une qualité nécessaire pour réussir dans le management, ou peut-elle parfois constituer un frein à l’épanouissement des collaborateurs ? Je suis manager pour montrer ce que je sais ou pour encourager les compétences et développer la motivation ? Ces compétences sont-elles les mêmes ?
Malheureusement, comme le souligne le message interrogatif de mon lecteur, beaucoup de recruteurs considèrent en priorité la dimension technique, la compréhension du marché, pour embaucher des managers. N’est-ce pas une étroitesse de vue qui limite le champ de créativité des entreprises.
Un manager peut-il changer de secteur d’activité ? Est-on en face d’une peur limitante : “j’ai toujours travaillé dans ce domaine, je ne pourrai pas m’adapter ailleurs”, ou d’une méconnaissance de la vraie mission du manager ?
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Bonjour,
Pour avoir moi-même vécu, et vivre encore aujourd’hui !, un changement de domaine d’activité, mon avis est que malheureusement la plupart des sociétés et leurs dirigeants ont du mal à apprécier la qualité d’un nouvel intervenant au sein de leur secteur, quels que soient ses résultats passés dans des domaines différents, même assez proches du nouveau dans lequel il évolue.
Je n’ai pas retrouvé ce même état d’esprit dans les pays anglo-saxons, bien plus pragmatiques. C’est un cliché, mais cela se confirme sur le terrain !
Bravo pour votre site.
Alain
J’ai la même expérience que vous avec les managers américains que j’ai côtoyés. Au lieu de regarder l’étiquette de votre cv, ils regardent le potentiel que vous dégagez. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un cliché mais de l’expérience vécue.
Je continue d’entendre que les entreprise françaises manquent de prise de risques dans leurs recrutements. Prendre un clone pour un job, c’est rester à l’abri des reproches potentiels sur le casting. C’est aussi rester à l’abri des surprises (bonnes ou mauvaises). Serait-ce aussi rester à l’abri d’une nouvelle dynamique, quelle qu’elle soit…
Merci du commentaire et des compliments 🙂
Bonjour,
je vous remercie de cette analyse très percutante de la conjucture d’embauche en France. La selection de candiadats que ce soit au niveau menagérial ou pour des profils juniors c’est le même constat: les entreprises en France s’enferme dans une logique suicidaire.
Tu rentre pas dans le moule, tu es hors-course!
J’entends souvent ce commentaire “tu ne rentres pas dans le moule, tu es hors-course”. C’est donc une réalité qui existe dans le marché de l’emploi.
C’est aussi une opportunité : quelqu’un qui n’entre pas dans le moule est probablement un créatif. Il convient alors de trouver quels sont les domaines de créativité dans lesquels il s’épanouit.
Quand l’alignement se clarifie, le projet reprend de la vigueur…
Bonjour Laurent,
Oui en France les recruteurs sont bien trop conservateurs. Ils recherchent bien souvent le mouton à 5 pattes. Il faut tout de même ajouter que le code du travail ne les aide pas du tout, qu’embaucher en France revient trop cher, et qu’il est bien trop difficile de se séparer de quelqu’un qui finalement ne convient pas.
Ceci dit, je tiens à dire malgré tout que même dans un environnement anglo-saxon, la recherche de l’ultra spécialisation est aussi souvent de mise. Les recruteurs recherchent aussi du personnel connaissant très bien le secteur, connaissant tel process, connaissant tel logiciel, connaissant même les méthodes de l’entreprise ou de ses clients ! On se flagelle souvent en France, mais en dehors de nos frontières ce n’est pas toujours aussi rose.
Bravo pour ton site !
Ce que tu écris me parait juste… on hésite à prendre un “novice” sur un poste alors que ce sont davantage les compétences fondamentales (capacité à négocier, organiser, déléguer, trancher, communiquer, anticiper, etc…) qui sont nécessaires à un bon manager.
La dimension technique que tu évoques, s’apprend. La méconnaissance d’un marché peut aussi permettre d’avoir un regard neuf et innovant – sans être naïf bien sur…