Quelle est ma responsabilité ? En entreprise, je peux me trouver face à un triangle infernal, une grande trouble intérieur confronté à un désaccord éthique. Dois-ja accepter de me compromettre, lutter farouchement ou changer de chemin ? Quelle décision prendre, quelle attitude adopter alors je dois assumer ma responsabilité de manager. Je suis face à mes peurs, justifiées pour bon nombre d’entre elles, mais pas toutes.
Illustrons le propos
Je suis salarié ou manager dans une entreprise. Je découvre une situation pour laquelle j’ai un désaccord éthique, ou bien on me demande de faire un acte que je désapprouve.
Quelle décision prendre ? Quel comportement adopter ? Je risque de tourner intérieurement dans le triangle infernal que je caractérise ainsi :
C’est quoi ce triangle infernal : une posture impossible à tenir
- la compromission : dois-je collaborer au risque de perdre mon âme ?
- la lutte farouche : dois-je entrer dans une lutte farouche au risque de perdre mon job ?
- le changement de chemin : dois-je m’éclipser, fermer les yeux, passer mon chemin au risque de ne plus me regarder fièrement dans le miroir ?
Aucune de ces 3 postures n’est vraiment satisfaisante
La posture de la « compromission/collaboration » (collaborer au sens 2ème guerre mondiale) va laisser des traces indélébiles, parfois grave, sans parler de l’amour de soi et le regard des autres. La posture de la « lutte farouche », même si elle est incontournable dans les cas extrêmes (la tyrannie par exemple), est dangereuse car elle laisse du sang sur les champs de bataille. Elle peut s’avérer excessive puisque les situations ne sont jamais totalement manichéennes, noires ou blanches. Enfin, la fuite, l’abandon, laissent un goût amer : « j’étais dans la crise, j’avais la possibilité d’influer, d’infléchir, et j’ai fui ! » Pourtant, c’est la piste à suivre quand l’enjeu dépasse totalement ses forces, sa puissance d’influence, voire sa forme du moment (voir le 4ème accord Toltèque).
Il m’est arrivé de tourner en rond dans le jardin autour de ces 3 positions. En définitive, une sortie par le haut est envisageable…
La sortie par le haut, c’est d’engager courageusement le débat.
Engager le débat pour sortir du triangle infernal, cela signifie interroger les responsables, poser des questions sur les conséquences/l’effet durable de l’acte, proposer des pistes de résolution, des méthodes audacieuses, oser stimuler l’intelligence collective. C’est le moment d’écouter davantage ce que suggère son intuition et son coeur, que ce qui attise les peurs. Engager le débat, cela signifie aussi risquer de ne pas être écouté ni entendu, risquer de passer pour un idéaliste, risquer de recevoir critiques acerbes et objections classiques : « c’est plus facile à dire qu’à faire », « ce que tu proposes n’est pas réaliste », voire faciles du style : « c’est le business », « les autres/les concurrents font comme ça », etc…
Lancer le débat avec précaution, remettre l’essentiel au coeur de la discussion, interroger, interpeller, amener chacun à fouiller dans ses propres repères éthiques, permet de sortir du triangle infernal. Il n’est pas question de produire un résultat. Il est question de pousser à la réflexion, d’induire les inflexions de raisonnements préfabriqués. Le bouillonnemnt provoqué chez « les autres, dans le système » n’appartient pas à l’initiateur du débat. Il a juste semé le doute. Que faire après avoir lancé le pavé dans la mare : rester, partir… difficile réponse.
« Si vous ne pouvez les convaincre, semez le trouble dans leur esprit »
disait, je crois, le président Truman.
Comment cela résonne-t-il pour vous ? Que faites vous quand on vous demande de transgresser vos convictions ?
pour qu’il y ait un débat, il faut avant des interlocuteurs ouverts d’esprit et capable de tenir le débat. J’ai de plus haute qualifications que mon chef et lorsque j’essaye de lui expliquer, démonstration mathématique et physique à l’appui, il me regarde comme une poule que l’on placerait devant un ordinateur. À la fin de la démonstration, il dit toujours « cela se peut, mais on fait tout de même comme ceci ». Après avoir perdu 6 mois, il me laisse des fois champs libres et lordque je lui montre que ce que j’avais dit il y a 6 mois de cela fonctionne, il prétend que je n’avais rien dit. De toute manière cela n’a plus d’importance, car les deadlines sont souvent inférieures au temps qu’il lui faut pour me laisser enfin travailler comme je l’entends. Du coup les projets finissent à la poubelle et du coup je ne démontre la preuve de son incompétence qu’à titre « posthume » du projet. En ce moment je le travaille au moral, systématiquement lorsqu’il dit quelque chose qui n’a pas de sens, je le corrige et s’il refuse de changer d’avis, je lui fais des remarques du style « je suis plus qualifié que vous » ou « je dois mener quelque chose comme 100 à 0 à la question de savoir qui avait raison » ou « pour la 10ème fois, ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Tâchez de vous en souvenir à l’avenr » etc. Il ne trouve rien à répondre et ronge sa haine interieurement, mais toutefois reste campé sur ses positions. En un peu de moins de 4 ans, j’ai réussi à sortir ce département de l’âge de pierre, mais pas encore à mettre à un niveau actuel, remporté le titre de l’innovation qui distingue les meilleurs employés et je me suis fait un nom. Aussi n’ai je pas vraiment peur du licenciement. J’ai cherché le débat, mais cela a toujours ressemblé à un match de boxe. Il reste dans les cordes, et je cogne jusqu’à ce qu’il craque (je parle au figuré bien sûr, je ne permet aucune attaque physique). Bref, je pense que la lutte s’impose, mais je veux que cela soit constructif. Comment faire?
On sent la frustration de ne pas voir les bonnes idées aboutir.
Pour être caricatural, 3 postures sont possibles :
1 – continuer à développer un débat constructif. Cela demande de la patience, de la tactique, de la détermination et de mettre en place des arguments qui portent sur les faits, pas sur les personnes. Cela devient compliqué quand les termes employés (même au figuré) ressemblent à un combat de boxe.
2 – avaler les couleuvres et ronger son frein en laissant grandir la frustration de voir les bonnes idées tomber en désuétude.
3 – passer son chemin et aller voir ailleurs (ailleurs en interne dans l’entreprise ou ailleurs dans le grand monde hors de l’entreprise).
Des 3 postures, la 1 et la 3 sont celles qui demandent le plus de courage. Le prix à payer (le découragement) de la posture 2 est probablement élevé…
J’espère que ça aide à la réflexion…
Bon courage,
Laurent
La posture la plus confortable (mais difficile les excitations liées à la frustration et au désir de réussite nous possèdent) s’est d’être détaché ! (des techniques existent pour ça !). Détaché, on peut s’exprimer en sortant du jugement et de l’envie de dominer, et l’interlocuteur, ne se sentant plus en danger, pourra mieux écouter. Ne jamais oublier qu’en situation de frustration ou autre forme de peur, notre attention est focalisée sur ce qui nous fait peur ; en situation de détente, tout s’ouvre : les poumons, la tête et le cœur 🙂
Bien entendu… ce qui confirme que le seul « chantier » est son « chantier personnel intérieur ». Merci de ce commentaire…