Réussite, réussir : ces mots traversent nos vies comme une quête du graal. La réussite, est-ce avoir un emploi, plein d’argent, aller de succès en succès ? Pas si sur…
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Après la parution de mon article « ceux qui réussissent travaillent tout le temps« , j’ai eu quelques échanges en ligne et off-line à propos du mot « réussite ». La question est plus que légitime. J’imagine l’étendue de la littérature sur le sujet, les livres, les films, les vidéos, les conférences, les philosophes et les leaders qui se sont exprimés. Dois-je pour autant garder ma vision pour moi ?
Dans le domaine du business, les critères qui définissent couramment la « réussite » ne m’ont jamais vraiment comblé.
En me promenant à vélo, entre 2 tours de pédale,
j’ai trouvé ma définition de « réussir ».
Loin de moi l’idée de détenir La Vérité, encore moins sur la réussite puisque, dans les critères souvent admis, je n’ai peut-être pas beaucoup de voyants au vert. J’ai rencontré beaucoup d’embuches sur mon chemin (pas sur le vélo, je parle de mon chemin de vie… :-)). Les fesses sur ma selle, les yeux dans les vignes de Châteauneuf du Pape, ma réponse à la question « c’est quoi réussir » m’est venue, alors que je ne me la posais pas précisément à ce moment là, ce qui illustre le propos de mon billet « ceux qui réussissent travaillent tout le temps« .
Alors la réussite pour moi, c’est quoi ?
Comment, 5 minutes avant de quitter cette bonne vieille terre, répondre positivement à la question : ai-je réussi ?
Au préalable, réussir serait-il un état béat ? Je n’y crois pas. Pas plus que le bonheur d’ailleurs. Le sentiment de réussite serait profond, bien au chaud, même si parfois recouvert de déconvenues, de déceptions, de déprimes.
A bicyclette, 3 dimensions me sont venues qui, pour moi, seraient l’essence de la réussite :
1 – Accomplir
J’ai presqu’envie de dire « accomplir n’importe quoi » (avec la réserve dont je parle dans le point 3 sur les tyrans et autres assassins). Que ce soit créer une plate-bande de fleurs devant sa maison, ou racheter un groupe mondial, leader de la high tech, qui pèse 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, peu importe. Derrière le mot accomplir, je ressens cette dimension de s’investir dans des projets, des projets qui me touchent, de les réaliser. Comment sentir que l’on réussit si on en reste aux belles intentions, aux rêves ? Accomplir consisterait à choisir et mettre en oeuvre quelques projets dans la liste de tout ce qu’on a très envie de faire. Dans le surgissement du verbe « accomplir », je vois le choix personnel, l’implication, la relève de défis, la production de résultats, la satisfaction d’avoir lancé et réalisé. Tout ceci, de mon point de vue, contribue au sentiment de réussite.
Et accomplir régulièrement ! J’insiste, accomplir toujours…
En restant pensif sur les accomplissements du passé, ne nourrit-on pas seulement la nostalgie de nos heures de gloire ?
Accomplir en continu, accomplir en prenant quelques libertés avec sa zone de confort, accomplir du petit et du grand, accomplir jusqu’au bout de notre histoire.
2 – Se sentir libre
Comment réussir sans avoir brisé les chaines des esclavages multiples qui nous entourent ? Peut-on totalement échapper à quelques chaines, qu’elles soient professionnelles, familiales, intérieures ? Je n’ai pas la naïveté de penser qu’on peut (facilement en tout cas), se sentir totalement libre. J’ai, à dessein, choisi le terme « se sentir ». Je ne sais pas si je suis libre, mais je peux quand même me sentir libre. Pour que cette sensation existe, il m’a fallu conquérir des sommets, gagner des combats, m’engager contre ce que je percevais comme injuste, prendre des décisions courageuses, accepter de perdre l’accessoire pour gagner l’essentiel. Si tout ce parcours me donne la sensation profonde que « je suis libre », n’est-ce pas une contribution majeure pour que je puisse affirmer : « je réussis ».
Se sentir libre n’est pas, pour moi, une déclaration détachée du monde réel. Si je ne gagne pas suffisamment d’argent pour subvenir à mes besoins de base, comment me sentir libre ? Gagner ma vie, travailler, est bel et bien dans le chapitre de ma conquête de liberté. Oublier ce « détail » en restant campé dans l’univers de la pensée sans l’action, m’enchaine à ma souffrance de ne pas réussir à nourrir ma famille.
Se sentir libre, ingrédient de ma réussite certes, mais se sentir libre dans un monde réel, concret.
3 – Etre sur le chemin de la paix
Je ne crois pas à la réussite véritable sans la paix. La paix avec les autres, la paix avec soi-même. Si les tyrans et autres assassins réussissent à atteindre de bien sombres objectifs, qu’ont-ils vraiment réussi et au soir de leur vie (30 secondes avant de prendre la bombe qui va les emporter vers l’au-delà) ? Dans leur fors (fors ou fort) intérieur, la réussite est-il le mot qui remporte la mise, ou bien sont-ce les mots haine, rancoeur, jalousie, monstruosité ?
La paix me parait un incontournable de l’avenir de l’humanité, un incontournable de l’univers intérieur de chaque humain. La paix n’est pas donnée, elle se gagne, chaque jour. Pas facile de pardonner, de se pardonner. Pas facile de trouver de nouveaux accords avec les autres, avec soi-même (lire les 4 accords toltèques). C’est pour cela que l’expression « être sur le chemin » m’est venue sur mon bicloune (c’est comme ça qu’on appelait les vélos quand j’étais petit). Qui peut prétendre avoir atteint la paix sublime avec tous et avec soi-même ? Même quand je lis les oeuvres des grands inspirateurs de paix, du Dalaï-Lama à Martin Luther King, de Gandhi à Mandela, je constate leurs tourments intérieurs.
Alors la paix en chantier, être sur le chemin de la paix me convient bien comme 3ème critère de réussite.
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Souvent, dans les grandes messes des entreprises, ou dans les déclarations tonitruantes de grands manitous du développement personnel, j’ai été mal à l’aise. Probablement que les critères de la réussite affichés à l’écran, ou aspirés dans les postillons du charismatique baratineur ruisselant sur scène, ne me convenaient pas.
Quelques tours de roue à bicyclette et me voici paré d’un triptyque qui me convient bien :
Réussir = accomplir + se sentir libre + être sur le chemin de la paix…
Et vous, c’est quoi pour vous réussir ?
Donnez votre avis dans les commentaires de cet article… ou bien lisez les articles de la série « ceux qui réussissent… »
Il est vrai, je l’avoue, la réussite ne fait plus partie de mon vocabulaire de fond. Le mot est très polysémique et, dans notre culture contemporaine, il est lié à la réussite sociale ou économique. Réussites, échecs, combats, blessures, joies et douleurs appartiennent au récit de vie… et il serait imprudent d’oublier toutes les facettes contradictoires (et nécessaires de l’aventure). J’aime bien le fait que tu la déclines en trois axes. À développer maintenant, toi qui t’es beaucoup occupé des autres… pour pouvoir la transmettre, comme on transmet la vie.
➡ En ce qui me concerne, s’il faut penser un concept de réussite, je le lierai à l’amitié, la vraie, celle qui traverse les épreuves, celle qui permet à la fois une reconnaissance par ceux qu’on aime (et vice versa) et la reconnaissance de soi… et la confiance : confiance aux autres, confiance aux événements par delà soi-même, confiance dans les capacités de l’humanité (avec petit et grand H) à surmonter les défis qui lui sont et seront posés. Juste un changement de regard. Je ne crois pas aux idéaux, ni aux valeurs morales universelles (on a fait tellement de mal au nom du bien) mais à la sagesse et au chemin (capacité à sortir de son confort -voir dialectique du maître et de l’esclave, de Herr Professor Hegel ).
➡ Appel : important que d’autres participent à la discussion…
pour ma part, j’ai justement besoin d’idéal et de valeurs morales universelles pour me guider dans mon sentiment d’accomplissement.
Bien sûr… au bout de l’histoire, c’est bien ce qui reste…
J’aime bien que tu associes l’amitié à l’idée de réussite. Combien d’humains sont sur scène, avec tous les apparats de la réussite, et pourtant sont bien seuls. Oui j’aime bien ton idée 🙂
Merci du commentaire.
Tres tres fort quand on connait ton histoire. Peut etre qu une meilleure diffusion pourrait t aider a gagner encore plus de Paix. On doit tous t aider via nos reseaux a te faire mieux connaitre surtout a travers ce message puissant et plein de bon sens et si actuel et necessaire.
Merci Damien de ce commentaire d’encouragements. La Paix me parait la seule voie possible pour l’humanité…
Ai je réussi ?
J’aurais aimé (les rêves inassouvis) être reconnu (financièrement ou cotte d’estime) comme inventeur.
J’ai aimé inventer, même adoré… suis je comblé pour autant ?
Balancelle intérieure…
J’ai aimé reconstruire, aménager, financer et trouver des financements, aider, accompagner, promouvoir, encourager, produire, pousser, arroser, insuffler, enflammer, enthousiasmer, autoriser, libérer, écrire, commenter, procréer, bâtir, réussir…
Voir étinceler les yeux des enfants au bonheur d’apprendre; des potagers nourrir; une athlète rayonner aux jeux olympiques; des livres co-écrits ou inspirés; des artistes-créateurs vivre de leur métier; des arbres fruitiers produire; des maisons construites ou reconstruites…
Réussir, entre être et devenir…
Faire à ma mesure…
Merci Laurent d’interpeller ici sur un thème qui interroge… y répondre à la première personne est un exercice intéressant…
Sur sa tombe: « il fut »… hahaha !
Amicalement, Christophe
Merci Christophe de ton commentaire… il semble que derrière les « accomplissements » manque la « reconnaissance » ou le « lâcher-prise » sur ce manque de reconnaissance… qui apporte ton lot de frustrations.
Accomplir pour la beauté du geste, accomplir pour vivre intensémment sans attente de retour direct. Souvent, le retour est indirect… « l’univers » renvoie d’autres récompenses que celles espérées.
Merci Laurent pour votre partage;
J’aime beaucoup la formule que vous proposez.
Pour « Accomplir », je dirai être utile, contribuer généreusement, accompagner, transmettre, se dépasser, canaliser son énergie pour construire;
« Libre » pour moi c’est avoir le luxe de choisir les projets sur lesquels je travaille et pourquoi pas les personnes avec qui je travaille, être en cohérence avec mes valeurs. Avoir l’initiative.
« Etre sur le chemin de la paix » m’inspire à la fois la sérénité et en même temps être engagée pour des causes nobles, ne pas se taire face à l’injustice et être outillée pour agir.
Merci et content que cet article vous inspire… Il y a de belles choses dans votre commentaire 🙂
Réussir = Accomplir + se sentir libre + être sur le chemin de la paix
Dans ta formule, Cher Laurent, ce que j’ai encore le mieux « réussi » c’est de m’être accordé des « marges de manœuvre » qui me donnent la sensation d’être libre. Ceci, en prenant des risques m’éloignant souvent du « chemin de la paix ». En ce qui concerne « Accomplir », j’ai accompli des choses dont je suis fier ; chacune de ces « réussites » constituent mon « accomplissement » de même que les bons moments, les moments heureux et plus particulièrement, ceux que je partage avec ceux que j’aime, constituent mon « bonheur ».
Mais pour continuer à accomplir, dois-je, encore prendre le risque d’affronter les difficultés, les conflits avec moi-même et avec les autres, qui m’écarteraient encore du chemin de la paix voire même de ce sentiment de liberté si chèrement acquis ?
That is the question !
Je pense qu’il y a confusion : « le chemin de la paix » n’est pas une piste fleurie, bordée de gentils observateurs béatement souriants.
La paix se gagne en faisant le tri : quelles sont les relations nocives à écarter ? Quels sont les choix que je crois les miens alors qu’ils sont le résultat d’injonctions qui ne m’appartiennent pas ? Quelles sont les schémas que je réplique consciencieusement, alors qu’ils me desservent ?
Le « chemin de la paix » passe par la libération de chaînes. Et les chaînes, parfois, demandent une grande force et de la patience pour être brisées.
Merci du commentaire et courage…
Bonjour Laurent.
Je pense qu’avec le mot « accomplir » tu saisis bien la notion du sentiment de réussite. Et quand tu dis « à peu près n’importe quoi », effectivement, car c’est propre à chacun et chacune. Je n’ai jamais couru de marathon car je ne voyais pas l’intérêt de le faire. Et à mon âge, ce serait suicidaire de courir 500 mètres. Par contre, j’ai une amie (plus jeune que moi), qui a complété le marathon de Boston cet automne et qui en dégagé un grand sentiment de réussite personnelle.
De mon côté, après avoir écrit un article de 2000-3000 mots sur un sujet inédit que j’ai développé sur une période de 2-3 mois en ayant fait des recherches sérieuses sur le sujet, et rédigé 7-8 versions de l’article, et qu’à la fin j’ai l’impression d’avoir écrit un bon article, je ressens ce sentiment de réussite.Cela me rend content. Et ici je m’inspire du merveilleux livre de Jean-Louis Servan-Schreiber « Vivre content » qui est dans le fond un livre sur la réussite, en faisant de chaque jour, une réussite à partir des choses les plus simples de la vie.
En janvier, je vais publier un article sur l’aide médicale à mourir. Tu parles dans ton texte de liberté et de paix. Or, selon les médecins qui prodiguent l’aide médicale à mourir, ce sont deux mots qui caractérisent le contexte dans lequel des personnes demandent ce soin ultime.
D’abord, la liberté de choisir la fin de son voyage. Ainsi, dans beaucoup de cas, c’est de ne pas laisser à un cancer ou à coeur défaillant, le rôle de déterminer son moment final. Ces médecins témoignent aussi que les gens partent en paix, parfois avec le sourire, car ils ont eu le temps de réfléchir à ce qu’ils avaient accompli de bien dans leur vie. Leurs rêves de vie, la famille, les amis (jamais l’argent)… Et la paix avec eux-mêmes.
La paix dans le monde est sans doute un utopie, considérant l’histoire de l’humanité. Mais faire la paix avec soi-même par rapport à ce qu’on peut réalistement accomplir chaque jour n y mettant bien sûr les efforts et la passion nécessaires (en y travaillant tout le temps, comme tu le dis), peut nous apporter graduellement ce sentiment de liberté dans notre vie.
J’ai été beaucoup influencé dans la vingtaine par un livre de Robert Powell (L’esprit libre) qui disait que seul l’esprit libre est heureux et que celui qui tente trop d’être heureux ne pourra jamais être libre, car il est trop occupé par ce qu’il a à faire en vue de son bonheur. C’est pourquoi j’aime beaucoup ce que Jean-Louis Servan-Schreiber a écrit à propos du « contentement ». Et pour ceux et celles qui ont du temps et du silence pour les accompagner, Krishnamurti peut être un formidable compagnon de réflexion avec ses livres « La Première et Dernière Liberté » et « Se libérer du connu ».
Cher Yvon, je ne peux que souscrire à ton commentaire qui complète ma réflexion de vie. Merci 🙂