« Dans la crise, la sortie par le haut est toujours la meilleure solution. Se concentrer sur ce qui est en ton pouvoir, s’accrocher à tes valeurs fondamentales sans tomber dans la réplique aux coups bas par des coups bas. On a toujours le choix des armes. En choisissant la non-violence, Gandhi n’a-t-il pas gagné un combat incroyable ?
Quand je lis « brebis galeuses », « connards », etc… dans les messages précédents, je ne peux pas m’empêcher de penser au premier accord toltèque : « que ta parole soit impeccable ». Les mots perpétuent, amplifient les conflits. Tu as certes en face de toi des adversaires coriaces de ton projet. Ce sont aussi des sujets qui te mettent au défi de t’améliorer. Nos « ennemis » nous font davantage progresser que nos amis, qui restent indulgents.
Quand je me fais agresser, je me dis :
- l’agression de m’appartient pas, elle appartient à l’agresseur, je n’embarque pas sa hargne dans mon petit bateau (je sais c’est difficile)
- qu’est-ce que cette agression m’apprend sur moi ?
- comment cette agression peut-elle me permettre de grandir en tant qu’être humain ?
- qui sont les personnes qui peuvent m’aider à me protéger (alliés, avocats, personnes de pouvoir, coach, psy, etc…)
Bon courage pour ton défi en cours… »
J’entendais ce matin sur une radio un philosophe développant ce même avis, et soulignant qu’il ne s’agit nullement d’une position de « bisounours ». Quand est-ce que les violences accumulées sur les violences ont fait progresser l’humanité ? Quand ont-elles rapproché les points de vue ? Quand ont-elles résolu les problèmes ?
La réponse violente est facile, accessible, destructrice. La réponse de paix est courageuse, ambitieuse, dangereuse et porteuse d’espoir.
Il ne s’agit pas seulement d’un concept politique. C’est une position pour nos équipes, nos familles, notre vie quotidienne, nos propos de chaque jour. C’est une posture intérieure à choisir, à re valider sans relâche.
Juste l’envie de partager ce forum avec vous, puisque plusieurs personnes ont ensuite abondé dans mon sens…
Vous pouvez aussi relire cette proposition sur l’ambassade…
Bonjour Laurent, je partage à 100% … !!!
Rappel des trois niveaux de violence :
– Le premier niveau est celui de l’injustice et de l’inégalité (sociale, économique, naturelle, intellectuelle) : celui-ci est structurel.
– Le second est celui de la révolte contre l’injustice : c’est celle des esclaves contre les maîtres, des pauvres contre les riches, des « damnés de la terre » etc.
– Le troisième est celui de la répression du pouvoir pour maintenir le premier niveau de violence.
Helder Camara, Gandhi, Luther King, Mandela, etc. ont démontré que le vrai combat à mener est celui contre le premier niveau (racisme, fascisme, exploitation etc.). C’est ce combat qui désamorce les deux autres niveaux de violence.
Autre approche de la violence : celle de René Girard. Elle naît de la jalousie, ou plus exactement du mimétisme : le désir d’avoir ce que l’autre a. Au bout du processus, ce n’est pas l’objet du désir qui prend le dessus, mais la mort de l’autre. On notera qu’ici, ce n’est pas le lointain qui suggère la violence, mais le prochain. On est jaloux de son frère, de son voisin, de son collègue, pas du chinois ou de l’indonésien.
Les mécanismes pour juguler cette violence première sont de deux types :
1) Celui qui passe par l’ordre du sacré : créer des interdits fondamentaux et des boucs émissaires. Mais celui-ci ne fait que repousser la violence à l’extérieur de la cité (et bâtir des murailles).
2) Celui qui passe par l’éthique et le don de soi : reconnaissance des responsabilités (sans culpabilisation excessive). Mais celui-ci court le risque de décomposition.
L’art est de jouer sur ces deux tableaux.
À titre personnel, je partage assez la position de Hegel : pas de créativité et d’humanisation sans lutte. Lutte contre tout ce qui empêche l’esprit de progresser… La lutte passe par le travail, le langage et ce qu’il appelle la « négativité » (le passage par l’expérience). Mais ce serait trop long à développer.
Dernière chose : petit conseil de mes amis jésuites. Quand on se fait insulter, il faut répondre une seule fois. Pas plus. C’est tout… Au fond, c’est ce que tu fais dans cet article.
Nick
Merci 🙂